Les douleurs à la cheville ou au pied sont habituellement secondaires à un traumatisme. Elles peuvent être causées par l’atteinte des ligaments, de la capsule, des muscles et des tendons, des bourses, de la surface articulaire et même parfois d’une atteinte vasculaire ou neurologique. Parmi les pathologies les plus fréquentes, notons l’entorse de la cheville et la déchirure du tendon d’Achille. Voici quelques mécanismes de blessure à la cheville : il peut y avoir le coup direct (contusion, entorse, fracture), un mouvement brusque (tendinite, entorse, élongation), une apparition progressive à la suite d’une surcharge ou d’un mouvement répété inadéquat (tendinite, ténosynovite), une apparition soudaine mais sans trauma apparent (atteinte inflammatoire – maladies systémiques telle que l’arthrite).
La cheville et le pied sont notre support pour marcher et par conséquent toute blessure à ce niveau peut devenir très invalidante et entraver notre capacité fonctionnelle dans nos déplacements et grandement réduire notre forme physique générale si la situation perdure. Il est donc important de consulter rapidement votre physiothérapeute afin de limiter les conséquences d’une blessure à la cheville sur votre autonomie.
La cheville est formée par la partie distale du tibia et du péroné qui s’articulent avec l’astragale, os proximal du pied, le tout étant recouvert d’une capsule articulaire contenant du liquide synovial nourrissant le cartilage. À la partie interne se trouve le tibia, où on retrouve la malléole interne. À la partie externe se trouve le péroné, où se situe la malléole externe. La capsule est renforcie de chaque côté de la cheville par des ligaments qui jouent un rôle de stabilisateur.
Causes des blessures à la cheville :
TRAUMATIQUES
Puisque les blessures à la cheville sont souvent d’origine traumatique la douleur est alors occasionnée par l’inflammation des tissus lésés et l’ankylose des tissus ou le blocage articulaire parfois associé. Il peut y avoir une atteinte des ligaments, des tendons, des bourses, de l’ossature selon le mécanisme de la blessure. On retrouvera donc parmi les blessures traumatiques les entorses, tendinites, fractures en tout genre, rupture du tendon d’Achille, etc.
SURUSAGE GRADUEL
D’autres types de blessures peuvent survenir en raison d’une surutilisation ou d’un surentraînement telles que la tendinite, ténosynovite ou la fracture de stress. L’utilisation de chaussures inadéquates peut aussi être en cause lors de douleur au pied ou à la cheville.
MALADIES INFLAMMATOIRES
Les maladies rhumatismales telles que la goutte, l’arthrite, la polyarthrite rhumatoïde, le lupus, peuvent aussi toucher la cheville. Il y a alors présence d’inflammation, de gonflement et de rougeur.
ARTHROSE
La dégénérescence articulaire ou arthrose à la cheville peut aussi être une des causes de douleur à la cheville. Elle apparaît en général progressivement avec l’âge, mais peut être présente précocement s’il y a eu un traumatisme passé ayant causé une sollicitation excessive d’une partie de l’articulation causant l’usure du cartilage.
CIRCULATOIRE
Les maladies circulatoires telles que l’artérite diabétique peuvent causer des plaies et douleurs dans la région du pied. Les personnes diabétiques sont plus à risque et il est recommandé de consulter votre médecin suite à l’apparition de symptômes tels qu’une ecchymose ou une plaie qui tarde à guérir.
Douleur au pied et à la cheville : voici quelques pathologies
L’ ENTORSE DE LA CHEVILLE
L’entorse de la cheville est une pathologie très fréquente; on la surnomme aussi parfois foulure. Elle se produit normalement lorsque le pied prend contact avec le sol alors qu’on est en déséquilibre et que le pied se renverse de côté. Le mouvement est souvent brusque et amène un mouvement excessif de l’astragale causant un stress sur les ligaments. Les récidives d’entorse de la cheville sont fréquentes et les risques d’entorse sont augmentés lorsque la surface est glissante, qu’il y a une faiblesse de notre musculature, qu’il y a des antécédents ayant créé une laxité des ligaments, ou lorsqu’il y a risque de contact ou positions de déséquilibre (comme dans un sport de ballon tel que le soccer).
Le grade de l’entorse est fonction de l’atteinte des ligaments allant de l’élongation à la déchirure partielle ou complète. Lorsqu’il y a atteinte de la capsule ou synovite, un gonflement est visible et peut parfois être très important. Il en résulte de la douleur, un gonflement possible, une difficulté à marcher. Les interventions précoces incluent repos, glace, immobilisation, compression et élévation. La consultation de votre physiothérapeute est recommandée afin de récupérer toute votre mobilité et de faire les exercices appropriés visant à diminuer le risque de récidive.
FASCIITE PLANTAIRE
La fasciite plantaire est une inflammation de l’aponévrose située sous l’arche du pied, qui s’étend du talon jusqu’aux orteils. Le fascia joue un rôle de soutien à l’affaissement de l’arche plantaire. Elle touche principalement les sportifs ou les gens en position debout prolongée ou avec un surplus de poids. Quand la tension subie par le fascia devient trop grande, il se crée parfois des micros-déchirures et donc de l’inflammation.
La douleur se situe sous l’arche du pied et/ou sous le talon et est habituellement d’apparition progressive, plus sévère au réveil ou après une période de repos prolongée causant aussi de la raideur. Les activités en mise en charge telles que la marche, la course ou la posture statique prolongée sont habituellement douloureuses.
Certaines conditions augmentent les facteurs de risque de développer une fasciite plantaire. Voici quelques facteurs prédisposant à cette symptomatologie:
• la présence d’une instabilité de la cheville et déséquilibre mécanique du pied (antécédent d’entorse) ;
• la marche sur des surfaces dures (béton) ou instables (rocailleux, terrains accidentés);
• une raideur importante de l’avant-pied ou rigidité de l’arche plantaire;
• diminution de la souplesse musculaire (sous le pied ou au niveau des mollets);
• un surplus de poids (obésité) causant une surcharge à l’arche plantaire;
• un mauvais positionnement du pied (distribution inadéquate de la charge) – pied plat ou creux;
• l’utilisation de chaussures inadéquates (talons hauts, semelle trop rigide, etc.)
Une bonne souplesse des tissus et un bon équilibre de la musculature aideront à diminuer l’inflammation du fascia plantaire. En physiothérapie des techniques de massage de l’arche de pied et des exercices appropriés vous aideront à retrouver vos capacités. En renforçant la musculature du pied, on diminue le stress sur le fascia.
Les exercices de renforcement serviront donc à supporter activement l’affaissement de l’arche du pied et permettront d’avoir un support dynamique dans la réadaptation des fasciapathies plantaires. Une faiblesse de la musculature sous le pied peut être secondaire à l’utilisation d’orthèses plantaires, le port prolongé de souliers à talon haut, une semelle trop rigide, etc.
L’utilisation d’un taping de support en physiothérapie servira dans la phase aigüe et visera à diminuer l’inflammation. Par la suite le taping neuroproprioceptif aura un effet nociceptif ou de facilitation musculaire selon l’application choisie.
La tension répétée sur le fascia exerce un effet de traction au niveau de l’attache du fascia sur le calcanéum et peut créer à la longue la formation d’une excroissance osseuse appelée Épine de Lenoir.
L’ÉPINE DE LENOIR
L’épine de Lenoir, aussi appelée épine calcanéenne est une excroissance osseuse au niveau du calcanéum secondaire à la traction du fascia plantaire à son insertion sur l’os du talon. Cette formation osseuse est visible à la radiographie. Plusieurs personnes qui souffrent d’une fasciite plantaire ont également une épine de Lenoir.
Le traitement de l’Épine de Lenoir est similaire à la fasciite; le contrôle de l’inflammation, retrouver la souplesse des tissus et favoriser un bon support plantaire par le renforcement de la musculature seront les buts visés. Avec les traitements, les symptômes douloureux pourront diminuer, mais l’excroissance osseuse perdurera.
L’épine de Lenoir est habituellement secondaire à une fasciite chronique et survient souvent parce qu’il y a un manque de flexibilité en flexion dorsale de la cheville, ce qui crée une compensation et un étirement excessif sur la plante du pied. Un blocage articulaire au niveau de la cheville et la rétraction du mollet et/ou du fascia plantaire augmentent les risques de développer une Épine de Lenoir.
LES TENDINITES DE LA CHEVILLE ET DU PIED
Tendinite des péroniers
La tendinite des péroniers est l’inflammation des tendons qui se situent sur le côté externe de la cheville. Elle peut être traumatique (secondaire à une entorse) ou graduelle par une surutilisation due à une mauvaise position du pied. La douleur est ressentie en latérale externe de la cheville et du pied. Elle augmente lors de l’étirement ou la contraction du tendon.
La rééducation musculaire et la correction des dysfonctions articulaires favoriseront la guérison du tendon.
Tendinite d’Achille
La tendinite d’Achille ou achiléenne est l’inflammation du tendon d’Achille (partie postérieure du talon et de la cheville).
Les symptômes sont une douleur locale, un épaississement/ gonflement du tendon, de la rougeur, une diminution de mobilité en flexion dorsale (à l’étirement) et diminution de force en flexion plantaire (monter sur la pointe des pieds).
Le tendon d’Achille est à risque de blessure lors de changement rapide de direction, lors d’un atterrissage d’un saut, lorsque la mécanique du pied est inadéquate (hyperpronation), un entraînement trop rapide en course (particulièrement dans les pentes ou des escaliers.
BURSITE (CALCANÉENNE OU DU TENDON D’ACHILLE)
La bourse est un petit sac rempli de liquide servant de protection entre un tendon et un os pour limiter la friction. La bursite est l’inflammation de cette bourse.
La bursite du tendon d’Achille aussi appelé bursite calcanéenne provoque un gonflement de la cheville derrière le talon. Elle se situe juste au-dessus de l’insertion du tendon sur le calcanéum.
Elle est habituellement douloureuse à la compression ou la friction. L’appui de la chaussure sera alors source de douleur.
MÉTATARSALGIE
La métatarsalgie désigne une douleur située sous le pied, à l’avant pied, plus précisément à la base des métas, au niveau du coussin graisseux, entre la voute plantaire et les orteils.
La douleur est causée par l’inflammation des articulations métatarsiennes. Une instabilité ou un blocage d’une de ces articulations créera une mauvaise répartition des points d’appui et une pression excessive favorisant l’inflammation des métas. Ces articulations peuvent aussi être touchées par un traumatisme, de l’arthrite ou l’utilisation de mauvaises chaussures.
Le traitement consiste à protéger la région douloureuse. Certains petits coussinets peuvent être insérés dans les chaussures afin de diminuer la pression sur l’articulation douloureuse. En physiothérapie, des modalités anti-inflammatoires et des exercices seront proposés et votre physiothérapeute vous conseillera dans la progression de vos activités.
FRACTURES DE LA CHEVILLE ET DU PIED
Lors d’un traumatisme ou une chute importante à la cheville causant une douleur vive, un craquement et difficulté à la mise en charge, il faut éliminer la possibilité d’une fracture à la cheville en consultant votre médecin qui vous prescrira dans un premier temps une radiographie.
Fracture de la malléole latérale ou médiale
La fracture de la malléole externe est généralement secondaire à un traumatisme en inversion un saut ou une chute sur la cheville, alors que la malléole interne est impliquée principalement lors de traumatisme en éversion.
Fracture de l’astragale
La fracture de l’astragale est également appelée la fracture du snowboard. Elle touche l’os du pied qui s’articule avec le tibia et le péroné. Souvent causé par une compaction excessive.
Fracture du talon (calcanéum)
Les fractures du talon ou calcanéum surviennent en général à la suite d’un traumatisme d’impact direct sur le talon (chute, accident de voiture). Puisque durant la marche le talon est la première structure qui prend appui sur le sol, une fracture de celui-ci perturbe grandement la capacité à la marche.
Fracture de stress métatarsienne
La fracture de stress d’un métatarse est occasionnée par une surcharge au niveau des os de l’avant pied. Plusieurs causes sont possibles, notons une augmentation trop rapide de l’entraînement, une exagération de l’inclinaison ou de la vitesse lors de l’entraînement. La douleur est perçue au-dessus ou dessous de l’avant pied et augmente dès la mise en charge.
PÉRIOSTITE
La périostite est l’inflammation du périoste, l’enveloppe externe de l’os. La périostite la plus commune est celle localisée au tibia. Cette inflammation est souvent secondaire à une augmentation rapide du volume musculaire (souvent le tibial antérieur) créant un stress excessif le long de l’attache de l’enveloppe sur l’os. Des coups ou stress répétés sur l’ossature sont aussi des causes possibles de périostite. La douleur est perçue en antéro-médial du tibia et se manifeste lors de toute activité demandant la contraction du tibial antérieur. Un traitement médical d’urgence est parfois nécessaire lorsque le flux sanguin est insuffisant et occasionne une gangrène musculaire dans le compartiment antérieur.
Arthrite de la cheville ou du pied
Les maladies rhumatismales ne touchent pas beaucoup l’articulation de la cheville comparée aux autres articulations du corps. Lorsque l’inflammation est présente elle est souvent secondaire à de l’arthrite rhumatoïde ou de la goutte. Lorsque présentes les maladies rhumatismales amènent souvent des déformations telles que les hallux valgus ou les orteils en marteau.
NEUROPATHIES (DOULEUR AUX NERFS DE LA CHEVILLE)
Certaines douleurs au pied peuvent avoir comme origine une atteinte neurologique. Les nerfs de la région lombaire et sacrée descendent dans la jambe jusqu’au pied. Un spondylolisthésis, une hernie discale, une dysfonction articulaire lombaire ou une dégénérescence avec arthrose peuvent être la source d’une irritation ou compression d’un des nerfs innervant la cheville et le pied et provoquer des douleurs au pied.
DÉFORMATION OU MALFORMATIONS DE LA CHEVILLE OU DU PIED
Pied plat (pronateur)
Le pied plat est caractérisé par un affaissement de la partie interne du pied (voute plantaire). Il est en général occasionné par un affaiblissement des muscles de la voute plantaire ou une laxité ligamentaire qui ne permettent pas le support nécessaire pour maintenir une arche interne légèrement surélevée. Cet affaissement engendre une pronation de l’avant pied. Le déplacement d’un os lors d’un traumatisme peut aussi être la cause d’un pied plat.
Sachez que le pied plat est tout à fait normal chez les jeunes enfants, car la formation de l’arche se fait lorsque l’enfant commence à se tenir debout.
Bien que le pied plat est souvent non douloureux, la mauvaise biomécanique qui en découle peut créer dans certains cas des douleurs en causant l’inflammation des tissus. Le pied plat peut même être responsable de plusieurs autres sites de douleurs (jambe, genou, hanches, dos) ou déformations tels que les oignons ou callosités.
Le physiothérapeute identifiera si le pied plat est secondaire à une laxité, une faiblesse ou une dysfonction mécanique osseuse et utilisera selon le cas des mobilisations et/ou des exercices afin de rétablir une mécanique adéquate du membre inférieur. Le choix des chaussures est aussi important.
Pied creux (supinateur)
Le pied creux est caractérisé par une voute plantaire accentuée, ce qui modifie l’axe de l’arrière pied et crée une torsion au membre inférieur et parfois accompagné d’orteils en griffe.
Les causes sont multiples, certaines maladies des tissus conjonctifs, des paralysies ou dysfonctions du système neuromusculaire.
Hallux valgus (Oignon)
L’hallux valgus est une déviation du gros orteil (Hallux) vers les autres orteils, créant à la longue un élargissement du cartilage de l’articulation métatarso-phalangienne (MTP), que l’on appelle un oignon. Cette déformation peut être causée par un pied en hyperpronation, l’utilisation d’une mauvaise chaussure (trop petite ou trop étroite) ou un ancien traumatisme du gros orteil ce qui crée un stress sur la capsule du MTP et une usure du cartilage qui occasionnent ensuite de la douleur et de la raideur puis la déviation du premier orteil vers le 2e. Dans certains cas la cause est génétique et ne peut donc être modifiée sans chirurgie.
Névrome de Morton
Le névrome de Morton ou fibrome périneural interdigital est l’inflammation du nerf plantaire situé entre le 3e et le 4e métatarsiens (parfois aussi entre le 2e et 3e). Le pincement entre les métatarsiens peut être occasionné par une pronation excessive créant une pression sur l’arche transverse du pied.
La douleur est de type brûlure et des sensations d’engourdissement, picotements ou chocs électriques peuvent être perçus.
Traitements de physiothérapie pour les douleurs au pied et à la cheville
Suite à l’examen de votre cheville et de votre pied, votre physiothérapeute pourra identifier la nature de votre problème et s’il y a lieu la nécessité de vous référer à votre médecin si des examens supplémentaires étaient requis.
Selon le type de blessure, la phase de guérison et l’irritabilité de votre condition, le physiothérapeute établira un plan de traitement. Il pourra utiliser des modalités antalgiques ou anti-inflammatoires pour contrôler et diminuer la douleur et l’inflammation, des mobilisations pour retrouver la mobilité des articulations en dysfonction et des exercices visant à regagner de la souplesse, de la force, le contrôle et la proprioception.
Consultez dès maintenant nos professionnels afin de retrouver vos capacités et diminuer les chances de récidive.