Dans un précédent article, je vous présentais différentes stratégies générales pour aider à développer l’autonomie de votre enfant dans les activités de la vie quotidienne. Dans cet article, il vous sera présenté des stratégies plus spécifiques pour la tâche d’hygiène, une étape importante dont la réalisation varie beaucoup selon les enfants.

Plusieurs conditions de santé peuvent affecter le développement de l’autonomie à la toilette (ex. spina bifida, blessures lombaires), mais parfois, une difficulté à automatiser les gestes et intégrer la séquence, sans problématique motrice évidente, peut également être présente. Une évaluation auprès d’un(e) ergothérapeute qualifié(e) pourrait alors être pertinente pour déterminer les interventions et stratégies adaptées à l’enfant.

Le rôle de l’ergothérapeute pour l’autonomie à l’hygiène est d’améliorer les habiletés de motricité fine si besoin, d’adapter le contexte et donner des instructions sur l’assistance à donner à l’enfant, adapter la méthode si besoin, et aider à établir une routine facile.

Voici quelques exemples de stratégies spécifiques pour aider à l’autonomie à l’hygiène que l’enfant ait un problème de santé ou non :

Sur l’environnement

1. Aider à trouver le meilleur endroit, moment et routine pour que l’enfant fasse ses besoins durant sa journée (ex. à l’école)
2. Si problématique sensorielle : diminuer les sensations présentes dans la salle de bain avec retrait de certaines sensations qu’il a de la difficulté à tolérer (ex. odeurs de savon, tapis)
3. Avoir une toilette spécifique pour la durée de l’apprentissage de l’hygiène
4. Pour les toilettes publiques, si l’enfant est craintif, lui laisser ouvrir la porte avant de tirer la chasse (comme si cela lui donne l’option de « s’évader » rapidement)
5. Pour le bain : au début, ajuster la température de l’eau selon ce que l’enfant désire (et de façon sécuritaire) et le laisser contrôler, si l’occasion se présente, la douche téléphone

Sur la tâche

1. Utiliser des aides techniques (ex. urinoirs)
2. Utiliser différents dispositifs pour tenir le papier toilette si difficulté de motricité
3. Utiliser un bidet si disponible
4. Réduire la circonférence du banc de toilette pour faciliter la stabilité assise
5. Afficher une routine visuelle avec pictogrammes au mur
6. Utiliser un chronomètre et donner la consigne de rester assis tant que ça ne sonne pas (pour les enfants plus jeunes ayant tendance à rester trop peu longtemps).
7. Choisir des vêtements faciles à manipuler
8. Avoir un horaire visuel de étapes de l’hygiène (bain/douche et toilette) et les moments
9. Pour le brossage de dents : utiliser une plus petite brosse à poils doux si la sensibilité orale est trop élevée. Si la dextérité fixe est difficile, utiliser une brosse à dents électrique ou un manche grossissant sur une brosse à dents manuelle

Sur la personne

1. Pour préparer à la manipulation des objets : entraînement moteur fin pour la coordination, la préhension
2. Entraînement moteur global pour la planification motrice et le contrôle postural
3. Si l’enfant présente une hypersensibilité tactile : faire des pressions profondes avant d’aller au bain pour aider à tolérer la stimulation de l’eau

Bien entendu, plusieurs autres stratégies existent et il serait bien trop long de les lister ici. De plus, cela ne veut pas dire que chaque stratégie est bonne pour chaque enfant, d’où l’importance d’être accompagné par un professionnel qualifié (ex. ergothérapeute en pédiatrie) si l’autonomie à l’hygiène est difficile.

Alexis Ross-Nicolas, ergothérapeute chez Axo Physio MDR et St-Émile

Référence

Case-Smith, J. & O’Brian, J. (Eds.). (2015). Occupational Therapy for Children and Adolescents (7th ed.). Maryland Heights : Mosby Elsevier. 857 p.