L’intégration sensorielle possède différentes définitions selon les sources.
En gros, il s’agit de la capacité de l’enfant à intégrer des stimuli de l’environnement et à y répondre adéquatement au fil du temps, en raison de diverses expériences qui façonneront le cerveau et sa réponse aux stimuli. Par exemple, un enfant qui entend un stimuli auditif très fort aura, selon ses expériences passées, tendance à réagir en se bouchant les oreilles OU en pleurant et en évitant la stimulation.
Ainsi, l’aspect sensoriel est très important au quotidien et dans le développement de l’enfant ; il permet d’adapter ses comportements en réponse à des stimulations données et, en plus, il permet la neuroplasticité du cerveau (adaptation du réseau de neurones du cerveau). Trois des sens sont particulièrement importants à un jeune âge en raison de leur impact sur l’interaction de l’enfant avec son environnement : le toucher, le vestibulaire (oreille interne, équilibre) et le proprioceptif (conscience d’où se trouve notre corps dans l’espace).
Il peut toutefois arriver qu’un enfant éprouve certaines difficultés à intégrer les stimuli de son environnement, ce qui se traduit par des difficultés d’intégration sensorielle. Il existe 3 grands types qui vous sont présentés ici.
Difficulté de modulation sensorielle
L’enfant éprouve de la difficulté à transformer les messages sensoriels en comportements adaptés selon la nature et l’intensité de l’information sensorielle. Il y a 3 sous-types :
- Hyperréactivité sensorielle (réagit plus intensément, rapidement et longtemps à une sensation d’intensité normale qu’un enfant sans difficulté sensorielle). Le comportement est souvent bruyant, les enfants peuvent devenir agressifs quand il y a trop de stimuli et s’isolent. Il s’agit d’un signe parlant de cette difficulté si votre enfant est très dérangé par :
- Les activités salissantes
- Marcher pieds nus sur des tapis ou du gazon
- Plusieurs textures
- Se faire couper les cheveux ou les ongles
- Se balancer ou glisser
- Lumière vive ou coucher de soleil
- Bruits dans un restaurant
- Hyporéactivité sensorielle (réagit peu à une sensation d’intensité normale : est passif, calme, apathique). L’enfant prend plus de temps à réagir et requiert des stimulations sensorielles plus longues et plus intenses avant d’avoir une réaction. Plusieurs signes sont parlants de cette difficulté :
- Ne pleure pas quand se fait sérieusement mal
- N’aime pas essayer de nouvelles activités
- Initie rarement l’exploration de nouveaux intérêts
- Ne semble pas remarquer quand on le touche
- Ne remarque pas les odeurs fortes
- Recherche sensorielle (ne ressent que peu l’information sensorielle, mais cherche à avoir plus de réaction ; est actif). L’enfant présente un désir quasi constant d’expériences sensorielles et recherche les sensations, mais souvent de façon non acceptable socialement. Cette situation est souvent confondue avec le TDAH car difficulté à contrôler leur impulsivité et très actifs.
- Enfant constamment en mouvement
- Aime avoir des collisions, sauter, tourner sur lui-même, se balancer de façon excessive
- Difficulté à arrêter de parler, tours de parole difficile
- Prend des risques excessifs durant les jeux
- Frustré ou même explosif quand on doit l’arrêter et l’assoir ; retour au calme difficile
- Excessivement affectueux physiquement
Difficulté motrice avec origine sensorielle
Se produit quand les sens proprioceptifs et vestibulaires, qui permettent à notre corps de bouger et sentir sa position dans l’espace, sont affectés. Difficulté à stabiliser, bouger ou planifier des séries de mouvements qui répondent à la sensation (ex. contracter les muscles adéquatement à la suite d’analyse visuelle d’une boîte). Il existe deux sous-types :
- Dyspraxie (aussi appelée TDC). Peut être grossière, fine ou orale-motrice. C’est une difficulté à traduire l’info sensorielle en mouvements physiques non-familiers et complexes de plusieurs étapes ; une difficulté à planifier le mouvement.
- Trouble postural : difficulté à maintenir le contrôle de leur corps pour rencontrer les exigences d’une tâche motrice (ex. écriture illisible en raison d’un très pauvre tonus musculaire ; incapable de rester droit et garder une bonne position de doigts sur le crayon).
Difficulté de discrimination sensorielle
Difficulté à distinguer des sensations similaires dans un ou plusieurs systèmes sensoriels : tactile visuel, auditif, goût, odorat, vestibulaire et/ou proprioception. Ces enfants ont besoin de plus de temps pour traiter l’information. Est probable si l’enfant :
- Ne peut pas dire ce qu’il a dans les mains sans regarder
- Ne peut pas distinguer exactement ce qui le touche et sur quelle partie du corps
- Ne peut pas juger de la quantité de force à exercer pour une tâche
- Ne peut pas détecter s’il est ou non en mouvement
- Ne peut pas identifier ou différencier deux sons identiques ou différents.
Si vous croyez que votre enfant présente des difficultés sensorielles, n’hésitez pas à consulter en un ergothérapeute en pédiatrie qui pourra alors évaluer votre enfant et déterminer les meilleures interventions à mettre en place pour favoriser son fonctionnement au quotidien et son développement. Les interventions sensorielles nécessitant davantage de matériel, assurez-vous que la clinique où vous appelez offre ce service avant de prendre rendez-vous.
Alexis Ross-Nicolas, ergothérapeute chez Axo Physio Montagne-des-roches et Axo Physio St-Émile.
Référence :
Case-Smith, J. & O’Brian, J. (Eds.). (2015). Occupational Therapy for Children (7th ed.). Maryland Heights : Mosby Elsevier. 857 p.
N’hésitez pas à nous laisser un commentaire à propos de cet article! Nous sommes toujours intéressés par votre opinion!