La tête plate est un phénomène dont on entend de plus en plus parler depuis quelques années. Mais, qu’est-ce qu’une tête plate ? En fait, il existe plusieurs formes de têtes plates qui portent différents noms. La forme la plus fréquente, nommée plagiocéphalie, est un aplatissement de l’un des deux côtés de l’arrière de la tête de bébé pouvant se retrouver chez jusqu’à 20 % des nouveau-nés n’ayant aucun autre problème de santé[1].

Il est difficile de définir clairement les causes des plagiocéphalies et des autres déformations du crâne chez les bébés. Malgré plusieurs études scientifiques sur le sujet, les chercheurs ne trouvent pas une cause claire et nette permettant d’expliquer pourquoi certains bébés développent des déformations et d’autres non[2]. Depuis 1992, la campagne « dodo sur le dos » a recommandé aux parents de faire dormir leur bébé sur le dos afin de minimiser le risque de syndrome de mort subite du nouveau-né. Par contre, le nombre de bébés présentant des déformations à l’arrière de la tête a lui aussi augmenté[3]. Cette campagne a bien évidemment sauvé plusieurs bébés du risque associé à dormir sur le ventre et il est primordial de suivre ce conseil. L’explication logique par rapport à l’aplatissement et la position de sommeil sur le dos est que la gravité et le poids de la tête empêchent celle-ci de bien se développer. Notre but étant d’éviter de voir bébé avec ces déformations, voici quelques-uns de mes conseils afin d’éviter le plus possible le développement d’une tête plate.

L’aplatissement de l’arrière de la tête est très souvent conjoint au torticolis chez les bébés. En ordre croissant, la proportion de bébés ayant des signes de tête plate est de 13 % pour les enfants uniques. Cette proportion augmente à 55,6 % chez les jumeaux. Pour les enfants présentant des signes de torticolis, c’est 67 à 90 % de ceux-ci qui développeront une plagiocéphalie s’ils ne sont pas pris en charge rapidement.

Conseil # 1 : Soyez alerte aux signes de torticolis

Pour commencer, un torticolis chez l’adulte et l’enfant, est-ce que c’est la même chose ? Non, le torticolis chez l’enfant est en fait très différent de celui chez l’adulte. Premièrement, celui-ci n’apparaît pas du jour au lendemain au réveil. Au contraire, il se développe sur une plus longue période et plusieurs facteurs peuvent en être la cause. Deuxièmement, le torticolis chez l’enfant ne crée pas une sensation de blocage très douloureuse comme chez l’adulte. Il s’agit plutôt du raccourcissement d’un muscle qui force la tête à être penchée sur le côté, tournée sur le côté ou encore un mélange des deux -> pour plus d’information sur le torticolis, c’est par là https://axophysio.com/physiotherapie/physiotherapie-pediatrique/.

Les signes à observer pour voir si bébé pourrait avoir un torticolis :

  • Une différence de capacité à tourner la tête d’un côté par rapport à l’autre
  • Bébé se tient avec la tête penchée sur le côté ou tournée d’un côté (N.B. : on retrouve parfois une combinaison de flexion latérale d’un côté et d’une rotation du côté opposé)
  • Préférence manuelle (gaucher vs droitier) : les bébés ont tendance à opter pour la solution facile et c’est pourquoi ils devraient normalement tenter d’attraper les objets qui leur sont présentés avec la main la plus proche. La préférence entre gaucher et droitier se développe sur une longue période et n’est pas claire et consistante avant 4 à 6 ans. [4][5]

Si vous avez déjà remarqué que votre bébé ne vous regarde pas autant lorsque vous êtes à sa gauche, que vous avez l’impression qu’il est droitier ou encore que vous trouvez qu’il tient sa tête d’un côté plus que de l’autre, il serait sage de consulter un professionnel de la santé précocement. Cela pourrait vous éviter du stress ainsi que bien des dépenses !

Conseil #2 : Favorisez les périodes sur le ventre

On le sait tous, un bébé, ça dort beaucoup, surtout en bas âge. Ça représente une longue période avec l’arrière de la tête appuyé. Pour contrer cet effet, dès qu’il est éveillé et sous supervision, bien entendu, placer bébé sur le ventre fréquemment permettra de minimiser cet effet. Pour les bébés ayant plus de difficulté avec cette position, on recommande de débuter par des périodes aussi courtes qu’une à deux minutes et d’augmenter progressivement[6]. Pour ce qui est de l’âge minimal pour commencer à les placer sur le ventre, vous serez surpris d’apprendre qu’il n’y en a pas ! En effet, les dernières études sur le sujet démontrent qu’on peut commencer à placer bébé sur le ventre dès le jour 16.

On peut aussi utiliser des positions comme coucher sur le ventre de maman pendant qu’elle est sur le dos et fait des grimaces à bébé. Un autre truc est d’utiliser un coussin ou une couverture roulée que l’on place sous les épaules de bébé alors qu’il est sur le ventre pour surélever le haut de son corps et l’aider à maintenir une position où il observe plus facilement ses jouets et son environnement.

* La position sur le ventre permet aussi de favoriser un meilleur développement global moteur chez les nouveau-nés.[7]

Conseil #3 : Éviter les positions prolongées est la clef ! Changez souvent de position, de moyen de transport, de bras…

Vous l’aurez bien compris, le meilleur conseil pour diminuer les risques de tête plate, c’est d’avoir le moins de poids constamment sur la partie postérieure de la tête de bébé. Pour ce faire, changer fréquemment la position de sa tête lors des siestes (surtout s’il a un côté préféré), ne pas le laisser trop longtemps dans sa coquille lors des visites dans la famille, le laisser se faire prendre dans les bras, être assis sur les genoux. Bref, avoir le moins de contact prolongé possible avec l’arrière de la tête. Les nouvelles coquilles pouvant être utilisées comme siège d’auto par exemple sont très pratiques pour placer bébé et faire de la route. Par contre, en arrivant à destination, si bébé reste dans son siège, il peut rapidement faire un 3-4 heures dans la même position avec la tête bien appuyée sans que l’on s’en aperçoive.

Conseil #4 : Analysez vos habitudes et la routine de bébé 

C’est inévitable, dans le monde où l’on vit actuellement, il est difficile de prendre le temps de s’arrêter. On est toujours sur la route, au travail, au gym, en train de penser à notre prochain projet… Cela peut causer des automatismes dont nous n’avons pas conscience, mais qui pourront impacter le développement de bébé. Prenons par exemple une journée ordinaire : on se lève, fait déjeuner bébé, il est placé à droite des parents et tourne donc la tête vers la gauche. On part faire quelques commissions, embarque bébé dans l’auto on le place derrière dans son siège placé à droite, la tête tourne encore à gauche. Continue la journée, il dine et soupe toujours au même endroit, la tête tournée encore vers la gauche. Arrive l’heure du dodo, on le place dans son lit qui est à droite du lit des parents. Il vous entend jaser et tourne la tête vers la gauche. Au final, sans s’en rendre compte, il a passé une bonne partie de la journée à tourner la tête… vers la gauche ! Puisque votre position à vous change constamment, il se peut que vous ne remarquiez pas qu’il a toujours la tête du même côté. Sans le vouloir, bébé peut rapidement développer une préférence pour ce côté et comme vous devez l’avoir deviné, préférence pour un côté est synonyme de torticolis et donc de possible aplatissement.

Conseil #5 : Pratiquez votre bras gauche !

Évidemment, nous avons tous une main dominante et une facilité à utiliser un côté plus que l’autre. Que vous allaitiez ou que vous donniez le biberon, forcez-vous à utiliser les deux côtés dès le plus jeune âge de bébé afin de l’habituer lui aussi à tourner la tête vers les deux côtés. Un petit truc si votre conjoint(e) est meilleur de votre mauvais côté, n’hésitez pas à lui demander de faire sa part ! Après tout, c’est pour le bien de votre bébé. En plus, de cette façon, vous remarquerez rapidement s’il a de la difficulté à tourner d’un côté ou semble moins bien boire dans l’une des positions ce qui pourra vous mettre la puce à l’oreille sur quoi travailler !

Petit bonus :

Les visites chez le médecin et l’infirmière pour les 2 mois et 4 mois de bébé sont des occasions idéales pour demander l’avis d’un professionnel de la santé. Ceux-ci sont habitués de voir plusieurs bébés et ont un œil averti. En cas de doute, n’hésitez pas à leur demander de vérifier les amplitudes articulaires de bébé ou leur opinion par rapport à la forme du crâne de celui-ci. Après tout, ils sont là pour ça, il ne faut pas hésiter à en profiter !  

En terminant, si vous remarquez un changement ou avez un doute par rapport à l’état de votre enfant, un physiothérapeute avec une expertise en pédiatrie pourra rapidement évaluer la condition de votre enfant et vous conseillez par rapport à la prise en charge et si celle-ci est nécessaire. Pour ceux se posant des questions sur le petit casque que l’on voit parfois sur la tête des enfants, il s’agit d’une alternative de traitement de dernier recours, mais il s’agira du sujet d’un prochain article ! J’espère que ces conseils vous seront utiles et comme le dit le dicton, mieux vaut prévenir que guérir !

[1]  Rogers GF (2011),Deformational plagiocephaly, brachycephaly, and scaphocephaly. Part I: terminology, diagnosis, and etiopathogenesis, Journal of Craniofacial Surgery, 222,(1):9-1

[2] De Bock F, Braun V, Renz-Polster H (2017), Deformational plagiocephaly in normal infants: a systematic review of causes and hypotheses,archieves of disease in childhood, vol 102, issue 6, p 535-542.

[3] American Academy of Pediatrics (AAP) Task Force on Sudden Infant Death Syndrome (2011), SIDS and other sleep-related infant deaths: Expansion of recommendations for a safe infant sleep environment. Pediatrics, 128, 1030-1039

[4] Case-Smith J & Jane O’Brien (2015),Occupational Therapy for Children and adolescent 7th Edition, Elsevier, p230

[5] Department of Occupational Therapy (2005), Occupational Therapy – Kids health information Royal Children’s Hospital, Melbourne

[6] Ditthakasem K, Kolar JC (2017) Deformational Plagiocephaly: A Review, Pediatric nursing, vol 43(2):59-64

[7] Lyndel H, Stanley M.R.,Okely A.D (2017),Correlates of tummy time in infants aged 0–12 months old: systematic review, Infant Behavior and Development Volume 49, Pages 310-321

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