Dans leur travail, les ergothérapeutes évaluent et prennent en considération plusieurs aspects pour comprendre une condition de santé : la personne, son environnement, ses occupations. Ainsi, comme cela peut se révéler vaste et complexe, ils se doivent d’utiliser des cadres dans leur tenue de dossier ou dans la façon dont ils expriment les difficultés du client, que ce soit aux autres professionnels de la santé ou au client lui-même. Cela permet donc d’avoir un langage commun.
Ces cadres sont appelés des modèles.
Toutefois, ils peuvent tout de même se révéler difficiles à comprendre pour quiconque n’est pas ergothérapeute. Cet article vise donc à vous expliquer brièvement la signification des termes de 2 modèles parmi les plus utilisés en ergothérapie, afin que tous, clients comme professionnels, puissent comprendre et bénéficier clairement de la vision des ergothérapeutes.
Modèle canadien du rendement et de l’engagement occupationnels (MCREO)
Ce modèle peut être utilisé en santé physique ou en santé mentale et possède les termes suivants :
- Rendement occupationnel : c’est la capacité d’une personne à réaliser adéquatement ses occupations significatives, de façon efficace et satisfaisante pour elle. Pour savoir où se situe l’atteinte du rendement occupationnel, il peut être classifié en plusieurs sous-éléments :
- Occupation : activité ou ensemble d’activités réalisées souvent qui ont une valeur et un sens pour la personne (ex. traiter une condition de santé)
- Activité : ensemble de tâches plus grandes que les constituants de n’importe quelle tâche (ex. fabriquer une orthèse)
- Tâche : ensemble d’actions qui ont une fin en soi ou un résultat spécifique (ex. faire le patron de l’orthèse)
- Action : ensemble de mouvements volontaires et processus mentaux (ex. découper le patron avec les ciseaux)
- Mouvements volontaires et processus mentaux (ex. flexion des doigts)
- Engagement occupationnel : l’action d’être engagé dans des occupations diverses qui font du sens pour soi.
- Domaines d’occupation : ce sont les catégories d’occupation de ce modèle, au nombre de 3 : les soins personnels (manger, se laver, s’habiller, etc.), la productivité (tâches domestiques, travail, études) et les loisirs (occupations réalisées pour le divertissement).
- Dimensions de la personne : ce sont les différentes composantes de la condition de la personne, au nombre de 4 : physique (moteur, sensoriel), cognitive (fonctions intellectuelles), affective (fonctions sociales, émotif) et spirituelle (croyances, valeurs, buts de l’individu).
- Éléments de l’environnement : ce sont les différentes composantes de l’environnement dans lesquelles l’individu évolue, au nombre de 4 : physique (naturel ou construit), social (amis, famille), institutionnel (lois, politiques de travail) et culturel (propre à la culture de la personne).
Modèle de l’occupation humaine (MOH)
Ce modèle plus complexe est surtout utilisé par les ergothérapeutes en santé mentale et possède les termes suivants :
- Volition : pensées et sentiments qu’un individu a de lui-même lorsqu’il anticipe, choisit, expérimente et interprète ses actions. Cela comprend les intérêts, les valeurs et les déterminants personnels (ex. auto-efficacité personnelle). Une bonne volition égale une bonne satisfaction et du plaisir dans ses occupations.
- Habituation : organisation de nos actions en comportements adaptés aux environnements et au temps ; les habitudes et les routines. Comprend les rôles que l’on adopte au quotidien selon les contextes (ex. rôle de parent, rôle d’ami, rôle de fils/fille, rôle de professionnel, etc.).
- Capacité de rendement : composantes physiques et mentales de la personne
- Environnement : comprend les conditions monétaires, les opportunités de réaliser l’occupation, les groupes sociaux, les espaces physiques et la culture de la personne.
- Participation : engagement dans les grandes catégories d’occupations (définies dans ce modèle comme le travail, les loisirs et la vie quotidienne) souhaitables ou nécessaires pour le bien-être.
- Rendement : capacité à réaliser une tâche dans toutes ses étapes
- Habiletés : motrices, opératoires (cognitif) ou de communication/interaction
- Identité occupationnelle : sentiment identitaire de ce que l’individu souhaite devenir compte tenu de sa participation occupationnelle passée.
- Compétence occupationnelle : degré auquel une personne peut maintenir une forme de participation dans ses occupations.
- Adaptation occupationnelle : construction d’une identité occupationnelle positive et atteinte d’une compétence occupationnelle avec le temps dans le contexte de son environnement.
En espérant que cet article puisse vous avoir éclairé sur le langage adopté par les ergothérapeutes dans leur pratique et ainsi mieux comprendre leur vision unique sur les problématiques rencontrées par les clients.
Alexis Ross-Nicolas, ergothérapeute chez Axo Physio MDR et St-Émile.
Références :
- Townsend, E., & Polatajko, H. (Eds.) (2013). Habiliter à l’occupation. Faire avancer la perspective ergothérapique de la santé, du bien-être et de la justice à travers l’occupation (2e édition). Ottawa, Ontario: COAT
- Publications ACE. Polatajko HJ, Davis JA, Hobson SJ, Landry JE, Mandich A, Street SL, Whippey E, Yee S. Meeting the responsibility that comes with the privilege: introducing a taxonomic code for understanding occupation. Can J Occup Ther. 2004 Dec;71(5):261-8. English, French. doi: 10.1177/000841740407100503. PMID: 15633876.
- Taylor, R.R. (2017). Kielhofner’s Model of Human Occupation: Theory and Application, 5th ed. Lippincott Wolters Kluwer.
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