Apprentissage moteur: l’une des bases de l’autonomie de l’enfant

Durant ses premières années de vie et même durant toute son enfance, l’enfant découvrira de nouvelles activités auxquelles il pourra participer. Que ces activités soient des jeux ou des tâches quotidiennes nécessaires à l’acquisition de son autonomie, elles devront être apprises par l’enfant par le processus d’apprentissage moteur, essentiel à son autonomie.

L’apprentissage moteur réfère à l’acquisition ou la modification d’habiletés motrices. Ainsi, TOUS les nouveaux mouvements ou nouvelles tâches que l’enfant devra faire au cours de sa vie devront être intégrés dans son cerveau à l’aide de ce procédé. Dans la plupart des cas, les enfants y arrivent d’eux-mêmes avec de la pratique. Toutefois, il peut arriver que certains enfants éprouvent de la difficulté à intégrer de nouveaux mouvements et doivent bénéficier d’un petit coup de pouce. Ci-dessous sont listées quelques stratégies pouvant être utilisées en ergothérapie afin de stimuler cet apprentissage.

Transfert d’apprentissage ou généralisation

Cet aspect signifie l’application des apprentissages et stratégies enseignés en clinique à d’autres situations. Le but de l’ergothérapeute est que l’enfant applique ce qu’il a appris en clinique à son environnement naturel. En effet, certains enfants peuvent avoir de la difficulté à généraliser les apprentissages : ils le font bien en clinique, mais ont de la difficulté à le faire dans un autre contexte.

Pour pallier cette difficulté, il importe d’intégrer au quotidien des périodes de pratique de la tâche dans chaque contexte naturel où l’enfant pourra performer la tâche à pratiquer, que ce soit à la maison ou à l’école. Il est prouvé que l’enfant aura une meilleure généralisation des apprentissages s’il pratique d’emblée dans plusieurs contextes, et pas uniquement en clinique.

Séquencer et adapter la tâche

Cet aspect est très important dans le processus d’apprentissage afin que l’enfant vive des succès et ne se décourage pas. Ainsi, une tâche requérant plusieurs étapes peut être difficile pour l’enfant s’il lui est demandé de la faire au complet dès les premières pratiques. De plus, si cette tâche implique des mouvements ou d’utiliser les deux mains, elle sera d’autant plus difficile qu’une tâche ne requérant aucun mouvement et l’usage d’une seule main.

Il importe ainsi de diviser la tâche en sous-tâches et de pratiquer une seule sous-tâche à la fois. Lorsque l’enfant la maîtrisera, on pourra passer à la suivante, en intégrant toujours les précédentes sous-étapes. C’est le principe de séquençage. Quant à l’adaptation, elle peut se faire au niveau de l’environnement (faire la tâche dans un endroit plus calme) ou de la tâche en tant que tel (ex. utiliser des aides techniques). L’adaptation est généralement temporaire en attendant que l’enfant acquiert les mouvements requis à la véritable tâche sans adaptation.

Varier les types de pratique

La pratique d’une activité est essentielle lorsque nous la découvrons et l’expérimentons pour une première fois. Ainsi, lors de l’apprentissage moteur, il est important de choisir le niveau de pratique que devra faire l’enfant selon le niveau d’aisance auquel il est maintenant arrivé dans une tâche donnée :

  1. Pratique en bloc : généralement dans les premiers temps de l’apprentissage, elle se définit par une pratique où le temps que l’enfant exécute la tâche est plus long que les temps de repos. En d’autres termes, c’est la période où l’enfant exécute le mouvement très souvent, avec peu de temps de pause durant la pratique.
  2. Pratique distributive : pratique durant laquelle le temps de repos est plus grand que le temps où l’enfant exécute la tâche et est plus effective quand l’enfant est plus à l’aise dans la tâche. Par exemple, si on veut pratiquer le lancer d’un ballon, celui-ci sera intégré dans une série d’épreuves que l’enfant doit réaliser, mais ne constituera pas la majeure du parcours. Il travaillera d’autres aspects en parallèle.
  3. Pratique aléatoire : plus efficace dans la dernière phase de l’apprentissage. Elle requière de répéter le même mouvement que dans les deux précédentes phases, en appliquant quelques changements si nécessaire. Ce type de pratique augmente les capacités de généralisation d’apprentissage. Durant cette phase, les périodes de pratique sont courtes et moins fréquentes. Elles se rapprochent plus de la vraie tâche.
  4. Pratique mentale : plus efficace dans les premiers et derniers stades de l’apprentissage, elle implique que l’enfant s’imagine pratiquer le mouvement/la tâche sans le/la faire en réalité. Cela peut se faire sous forme de jeux de rôle, de vidéo ou simplement, son imagination.

Apprentissage par erreur

Cet aspect consiste simplement en la bonne vieille méthode du « essai-erreur ». Ainsi, à quelques occasions, il peut être bénéfique de volontairement demander à l’enfant de réaliser une tâche que l’on sait un peu plus difficile que ce qu’il peut faire. Ainsi, cela lui donne l’opportunité de réfléchir sur la façon de corriger ses erreurs ou améliorer sa performance. Encourager l’exploration des tâches peut être une bonne façon de permettre à l’enfant de commettre des erreurs et commencer ce processus.

Rétroaction

La rétroaction peut être intrinsèque (vient de l’enfant lui-même) ou extrinsèque (vient d’une tierce personne sous forme verbale ou non-verbale). La rétroaction intrinsèque peut être déclenchée par l’apprentissage par erreur et l’exploration de l’environnement et sera bénéfique pour s’autocorriger.

La rétroaction extrinsèque est surtout présente dans les premiers temps de l’apprentissage. Elle peut prendre la forme d’indices verbaux et gestuels quant à la réalisation de la tâche afin que l’enfant sache comment s’y prendre. Elle peut aussi être de démontrer la tâche ; l’enfant devra par la suite imiter ce qu’il a vu.

Comme vous pouvez le constater, plusieurs stratégies sont possibles afin d’aider l’enfant à devenir plus autonome en stimulant son apprentissage moteur. Si vous avez des doutes concernant le développement des habiletés motrices globales ou fines de votre enfant et l’apprentissage de nouvelles tâches, n’hésitez pas à consulter un ergothérapeute de l’une de nos cliniques offrant ce service.

Alexis Ross-Nicolas, ergothérapeute chez Axo Physio St-Émile et Axo Physio Montagne-des-Roches

Référence :

Case-Smith, J. & O’Brian, J. (Eds.). (2010). Occupational Therapy for Children (6th ed.). Maryland Heights : Mosby Elsevier. 857 p.

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