Qu’est-ce que le SDRC?

De son nom complet le « syndrome douloureux régional complexe », est une condition caractérisée par une douleur régionale continue disproportionnée par rapport à la lésion ou au trauma d’origine ; c’est-à-dire, qu’elle est plus intense et plus étendue en superficie que ce qu’elle est censée être. De plus, il en existe deux types : le type 1 (SDRC sans atteinte nerveuse) et type 2 (SDRC avec atteinte nerveuse).

Mais attention !

D’autres critères sont à prendre en considération pour dire qu’il y a SDRC. En effet, il doit être observé, à l’évaluation, au moins 1 signe dans 2 des 4 catégories suivantes et le patient doit, quant à lui, rapporter un symptôme dans 3 de ces mêmes catégories :

  • Sensoriel: allodynie (douleur intense à une stimulation non douloureuse) ou hypoesthésie (sent plus difficilement le toucher léger sur la peau)
  • Vasomoteur: différence de température ou de coloration entre les deux membres.
  • Sudomoteur : peau plus moite, membre enflé
  • Moteur/trophique : moins de mobilité, faiblesse ou tremblement, pilosité augmentée, anomalie des ongles ou de la peau.

Les personnes atteintes d’un SDRC ressentiront généralement une douleur vive au moindre mouvement ou au toucher. Ainsi, elles auront pour réflexe de protéger leur membre atteint en le gardant près d’eux et en ne l’utilisant pas. Ils développent généralement une kinésiophobie (peur de bouger) importante. De plus, ils ont également tendance à développer une grande anxiété liée à leur condition, anxiété qui contribue elle-même à la perduration de la douleur dans le temps.

Dans la plupart des cas, le SDRC survient après une fracture ou un traumatisme suivi d’une immobilisation sur une période prolongée. Toutefois, il peut aussi arriver qu’il se développe à la suite d’une blessure mineure (coupure, contusion, chute n’ayant engendré aucune fracture, etc). Il n’y a pas de cause précise qui puisse expliquer l’apparition du SDRC et plusieurs hypothèses existent, parmi lesquelles une prédisposition génétique, des facteurs psychologiques propres à la personne ou encore un dysfonctionnement du système nerveux.

Comment traiter le SDRC ?

Le SDRC est une condition difficile à traiter, car, comme son nom l’indique, il est complexe et plusieurs aspects sont à prendre en considération. En effet, il importe de traiter à la fois l’aspect physique, mais aussi l’aspect psychologique de la condition. Bien que le SDRC ne soit PAS une condition psychologique, le rôle de cet aspect dans l’intensité de la douleur n’est pas à négliger.

Ainsi, l’approche de traitement prouvée comme efficace pour le SDRC combine les médicaments, la réadaptation (avec intégration de l’imagerie motrice progressive) et une intervention psychologique. Une équipe composée de plusieurs professionnels est donc requise pour offrir les meilleurs services possibles à ces clients.

  • Médicaments : Plusieurs types de médicaments peuvent être prescrits par le médecin (anti-inflammatoires, anxiolytiques, opiacés, etc.), mais avec le but commun de tenter de réduire la douleur.
  • Réadaptation : Des traitements de physiothérapie pour augmenter la force et la mobilité avec un programme d’exercices spécifique, couplés à de l’ergothérapie pour permettre à la personne de se réactiver dans des activités importantes pour elle, doivent être débutés le plus tôt possible. Des stratégies de gestion de douleur, de l’enseignement sur la condition et sur l’importance de demeurer actif seront aussi faits auprès de la personne pour contribuer à une meilleure réactivation et, potentiellement, à l’adoption de meilleurs comportements face à la douleur. Un suivi en kinésiologie peut également être débuté pour aider à la reprise de l’activité physique.
  • Imagerie motrice progressive : Approche faite en réadaptation par l’ergothérapeute (la plupart du temps) ou le physiothérapeute. Séparée en 3 étapes :
  • Imagerie implicite : on demande à la personne de déterminer si le membre (bras, main) qu’on lui présente sur une photo est celui de gauche ou de droite.Plusieurs photos seront montrées et, sans s’en rendre compte, la personne imaginera le mouvement dans sa tête. C’est pourquoi on l’appelle « implicite ».
  • Imagerie explicite : En utilisant les mêmes photos que l’étape précédente, on demande à la personne de s’imaginer faire le mouvement, sans le faire réellement. C’est pourquoi on l’appelle « explicite », car la personne est consciente qu’elle s’imagine faire le mouvement. Graduellement, on demandera d’imaginer des mouvements plus complexes.
  • Thérapie miroir : Une fois que les deux précédentes étapes sont complétées (c’est-à-dire, quand elles ne causeront plus de douleur), la thérapie miroir peut être débutée. Il s’agit de cacher le membre douloureux derrière un miroir et placer le membre sain devant ce même miroir. On bouge alors le membre sain en regardant dans le miroir ; l’illusion donne l’impression que le membre douloureux bouge. On commence par des mouvements doux, puis graduellement, plus affirmés. Éventuellement, on pourra commencer à bouger le membre douloureux.
  • Intervention psychologique : L’anxiété créée par la condition peut exacerber les symptômes douloureux. De plus, cette condition peut être difficile à vivre, car elle affecte beaucoup de choses dans la vie de la personne. Il est donc important d’offrir un support à la personne pour aider à gérer l’anxiété associée à la condition et lui fournir différentes stratégies pouvant l’aider au quotidien. Un psychologue est donc le professionnel le plus adéquat pour ce type d’intervention, mais un ergothérapeute formé en santé mentale peut également offrir ce support, tout en restant dans les limites de son champ de pratique.

Ainsi, comme vous pouvez le constater, plusieurs professionnels de la santé sont requis pour traiter le SDRC de la meilleure façon possible. Chaque personne étant différente, le traitement peut être de durée variable et doit surtout être adapté à chaque personne.

Alexis Ross-Nicolas, ergothérapeute chez Axo Physio St-Émile et Axo Physio Montagne-des-Roches.

Références :

  1. Algorithme de prise en charge interdisciplinaire du syndrome de douleur régionale complexe (SDRC). 2015.
  2. Moseley GL, Butler DS, Beames TB, Giles TJ. The Graded Motor Imagery Handbook. Noigroup Publications, Adelaide, Australie. 2012.

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