Premièrement, qu’est-ce que « l’horaire occupationnel » ? Ce terme sera celui utilisé pour représenter l’ensemble de tout ce que l’on réalise comme occupations au cours d’une journée ou d’une semaine. L’horaire occupationnel inclut autant les activités « de base », tel que réaliser son hygiène, manger et dormir que les activités de travail/bénévolat, les activités familiales et les loisirs. Chacun à notre façon, nous nous bâtissons notre horaire occupationnel en fonction des rôles que l’on occupe, de nos intérêts, de nos valeurs et de nos buts.

Notre horaire occupationnel est en constante interaction avec notre environnement, et ce dernier l’influence significativement. En effet, nos activités quotidiennes varieront grandement en fonction des lieux physiques à proximité, des outils à notre disposition, des gens nous entourant et des lois et coutumes faisant partie de notre vie. Comprenant cela, vous ne serez pas surpris de constater que l’horaire occupationnel de chacun se voit désormais bousculer par la pandémie. Cet enjeu est considérable sachant que ce que nous faisons influence directement notre bien-être et notre qualité de vie.

Ainsi, en vue de vous aider à préserver un bien-être psychologique pendant cette période de confinement, je vous suggère quelques petites astuces pour redéfinir un horaire occupationnel qui fera du sens pour vous.

 1. Identifier ses émotions et ses besoins

Dans ce processus, un peu d’introspection sera nécessaire. En effet, la première question à se poser est : comment je me sens ?. La réponse à cette question m’aidera ensuite à définir quels sont mes besoins et, ultimement, quelles activités je pourrais tenter d’inclure à mon horaire.

Voici quelques exemples pour illustrer le tout :

  • Si je me sens stressé, peut-être que l’un besoin que je désirerai combler sera de me relaxer. Après cela, je peux me demander quelles activités m’aident à me relaxer. Est-ce de prendre un bain ? De faire de la lecture ? D’écouter de la musique ? De caresser mon animal de compagnie ?
  • Si je me sens plus maussade, peut-être ai-je besoin de vivre du plaisir. Quelles activités m’apportent du plaisir ? Danser, écouter une comédie, faire de l’exercice, modifier la décoration d’une pièce, appeler un proche, etc. Peut-être aussi que mon humeur actuelle est causé par le fait que je me sens inutile et que j’aurais plutôt besoin de la reconnaissance d’autrui pour atténuer cette humeur plus terne. Une fois de plus, les possibilités d’activités pour répondre à ce besoin sont infinies !

Il est important de garder en tête que ce qui est source de plaisir pour certains (par exemple, faire de l’exercice ou encore faire le ménage de la maison) peut représenter une source de frustration pour d’autres. C’est pourquoi il n’est pas possible que je vous transmette une liste « préfabriquée » associant chaque besoin à des suggestions d’activités. Pour vous aider, peut-être pouvez-vous tenter d’identifier quels besoins ne sont plus comblés depuis le début de la crise. Quelles activités ne sont peut-être plus réalisées ? Mais surtout, qu’est-ce que vous apportait ces activités ? En effet, il ne sera peut-être pas possible d’adapter les activités délaissées pour les réaliser de nouveau à la maison. Or, si le besoin derrière a été identifié, vous pourrez ensuite faire preuve de créativité et déterminer quelles activités pourraient vous aider à combler de nouveau ce besoin. Qui sait, le confinement est peut-être l’opportunité de se découvrir de nouvelles passions !

L’inventaire de l’équilibre de vie que vous retrouverez ci-joint pourrait peut-être vous donner quelques nouvelles suggestions d’activités à réaliser à domicile : http://dolivewell.ca/wp-content/uploads/2015/05/Inventaire-de-l%C3%A9quilibre-de-vie-VERSION-FINALE-A-DIFFUSER.pdf

2. Maintenir une routine

L’importance de la routine est mise de l’avant depuis des dizaines d’années et encore plus dans les dernières semaines. Les routines permettent d’offrir une structure à notre quotidien et, pour plusieurs, cette structure s’avère rassurante et est connue pour aider à apaiser l’anxiété. De plus, les routines permettent de « sauver de l’énergie », car elles se répètent de jour en jour et nous permettent d’organiser notre vie de tous les jours sans trop réfléchir. Par le fait même, nous sommes alors plus disposés à faire face aux « imprévus » et à adapter notre routine à une nouveauté, par exemple.

De plus, dans le contexte du confinement, les routines aideront également à coordonner les activités familiales afin d’éviter, par exemple, que toute la maisonnée désire prendre sa douche au même moment ! Pour les enfants, les routines fournissent également des repères quant à ce qui est attendu et rend prévisible le déroulement de l’activité/de la journée, ce qui procure un sentiment de sécurité.

Évidemment, je ne parle pas ici d’une routine très stricte et rigide, coordonnée à la minute près. Il s’agit plutôt de tisser les grandes lignes de ce que l’on désire faire chaque jour et la séquence dans laquelle on désire le faire.  Néanmoins, je vous suggère fortement de maintenir un horaire de sommeil stable (coucher et lever relativement aux mêmes heures) et le plus similaire possible à avant le bouleversement. Le tout sera très aidant pour retrouver notre quotidien « d’avant pandémie » éventuellement.

3. Mettre en place un équilibre dans la réalisation des différentes activités

L’équilibre dans la réalisation de différents types d’activités sera très variable entre les individus, car les besoins de chacun varient grandement.

Ici, on recherche notamment un équilibre entre les activités obligatoires (ce que les autres désirent que je fasse) et les activités choisies. On recherche également un équilibre entre les types d’activités réalisées (activités physiques et sportives – activités sociales – activités qui contribuent à la société – activités qui me permettent de prendre soin de moi – activités pour prendre soin des autres – activités nécessaires à la survie – etc.).

Écouter des séries télévisées pendant une journée entière peut être bien plaisant une fois de temps en temps. Or, si le tout se répète fréquemment, les séries télévisées deviendront rapidement blasantes et pourraient même créer des insatisfactions et de la frustration vis-à-vis le déroulement de notre journée. Il en est de même pour les autres types d’occupations, d’où l’importance d’intégrer une variété d’activités au quotidien afin de combler la majorité de nos besoins.

Je souhaite donc que ces quelques conseils puissent vous aider à établir un horaire occupationnel qui sera satisfaisant pour vous et qui vous permettra de combler vos différents besoins. Si vous percevez en avoir « par-dessus la tête » et ne pas parvenir à rétablir un engagement occupationnel qui fait du sens pour vous, n’hésitez pas à contacter un ergothérapeute. Celui-ci pourra vous accompagner dans cette période de transition et d’adaptation.

#çavabienaller

Jessie Tanguay, ergothérapeute

Axo Physio St-Émile

Références

Clark, F. A. (2000). The concepts of habit and routine: a preliminary theoretical synthesis. Occupational Therapy Journal of Research, 20 (Supplement), 123-137

Doble, S. E., & Santha, J. C. (2008). Occupational well-being: rethinking occupational therapy outcomes. Canadian Journal of Occupational Therapy, 75(3), 184-190.

Gallimore, R., & Lopez, E. M. (2002). Everyday routines, human agency, and ecocultural context: Construction and maintenance of individual habits. Occupational Therapy Journal of Research, 22, 70S-77S.

Matuska, K. M., & Christiansen, C. C. (2008). A proposed model of lifestyle balance. Journal of occupational science, 15, 9-19.  DOI : 10.1080/14427591.2008.9686602

Moll, S., Gewurtz, R., Krupa, T., Law, M. Lariviere, N., Levasseur, M. (2015) “Do-Live-Well”: A Canadian framework for promoting occupation, health and well-being, Canadian Journal of Occupational Therapy, 82(1), 9-23. http://cjo.sagepub.com/content/early/2014/08/20/0008417414545981


 

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