Saviez-vous que la dominance manuelle d’un enfant n’est pas la même chose que la préférence manuelle ? La préférence manuelle peut varier en fonction de l’activité réalisée chez l’enfant et est perceptible à partir de 2 ans, allant jusqu’à 4 ans, mais la dominance manuelle fait plutôt référence à l’utilisation d’une seule et même main pour diriger l’ensemble des outils et est plutôt visible entre 3 et 6 ans. L’apparition de la préférence et de la dominance manuelle est source d’ambiguïté selon les études.
Avant 2 ans, il n’est pas souhaitable que l’enfant n’utilise qu’une seule main pour l’ensemble de ses activités motrices, bien que l’on puisse apercevoir une tendance (ex : mange principalement de la main droite, mais joue avec les deux mains). En effet, il est important que les deux mains soient utilisées en bas âge. Pourquoi ? Car la dominance manuelle ne se choisit pas, mais se développe. Si l’enfant n’a pas eu l’occasion de développer sa dextérité et sa force manuelle en bas âge, il se pourrait que le ‘’choix’’ final de la main dominante soit erronée, amenant éventuellement des difficultés dans la réalisation de plusieurs tâches de motricité fine.
Il est important de se rappeler qu’en bas âge, il n’est pas utile pour l’enfant de développer une dominance manuelle, car cela ne l’avantagerait pas dans ses activités. Lorsqu’il grandit, l’enfant réalise des activités plus exigeantes et il devient alors aidant qu’une main devienne spécialisée pour manipuler l’outil et l’autre spécialisé pour stabiliser. Chaque main a sa force et réalise alors ses rôles de manière complémentaire pour répondre aux exigences qui augmentent quand l’on vieilli.
COMMENT ON PEUT LA DÉVELOPPER ?
En bas âge, il est nécessaire d’offrir l’opportunité à l’enfant d’utiliser ses deux mains. Je vous suggère donc de changer de place à la table pour lui offrir ses aliments et ustensiles parfois d’un bord, parfois de l’autre. Assurez-vous de ne pas vous placer toujours du même côté pour jouer. Si l’enfant semble développer une tendance à utiliser une seule main, suivez la règle suivante : une fois sur trois, on propose l’objet de la main préférée, et les deux fois restantes on lui propose du côté le moins utilisé.
Il est important d’offrir beaucoup d’occasion de développer le contrôle postural de l’enfant, puisque c’est de cette façon qu’il sera en mesure d’être stable pour effectuer des tâches de motricité fine. Donc, on sort jouer au parc, on fait la brouette, on marche en crabe, on imite les animaux, etc.
Faites des activités de motricité fine qui nécessitent l’utilisation de deux mains de manière complémentaires. Par exemple, faire de l’enfilage, mettre des sous en tenant la tirelire de l’autre main, dessiner au mur en tenant la feuille de l’autre main, faire du découpage, etc. La dominance ne pourra pas émerger tant qu’il n’y a pas d’opportunités de la développer.
Travailler les muscles des mains qui sont nécessaires pour avoir les prérequis pour le développement de la dominance manuelle : jouer avec de la pâte-à-modeler, arroser avec un push-push, faites des confettis avec un poinçons de différentes formes, etc.
Travailler le croisement de la ligne médiane (c’est-à-dire que le bras gauche doit pouvoir aller du côté droit du corps, et le bras droit du côté gauche). Cela peut se faire par le jeu ‘’Jean dit’’ et l’on priorise des mouvements croisés, par des grands trajets de voitures au mur sans décoller les pieds du sol, par le fait de tracer une forme surélevée (ex le tour d’un gros bol sur une feuille de papier) sans changer de main. En effet, tant que le croisement de la ligne médiane n’est pas acquis, la dominance manuelle ne pourra pas être acquise également, puisque l’enfant utilisera une main différente selon l’endroit où l’outil est déposé par rapport à lui.
Si l’enfant a 5 ans et que sa dominance manuelle n’est pas établie, une consultation en ergothérapie est pertinente. L’ergothérapeute évaluera si toutes les conditions sont mises en place pour favoriser le développement de la dominance ou si des ajustements sont à faire. L’ergothérapeute évaluera si des raisons sous-jacentes peuvent expliquer cela et vous donnera des outils pour l’aider et ainsi faciliter la transition de la garderie à l’école.
Lydia Guay, ergothérapeute
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