Syndrome douloureux régional complexe (SDRC)

Qu’est-ce que le SDRC?

Le syndrome douloureux régional complexe (SDRC), appelé autrefois algodystrophie/algoneurodystrophie ou syndrome épaule-main est une affection qui se caractérise par des symptômes ne correspondant pas à la blessure initiale et pour laquelle la durée est disproportionnelle par rapport à la lésion initiale.

Facteurs de risques

Les femmes de 60 à 70 ans sont plus enclines à développer un SDRC. De plus, nous devons être vigilants avec une clientèle présentant une fracture, une histoire de sensation de plâtre trop serré, une douleur dans le plâtre de 5/10 ou plus, de l’ostéoporose, des migraines des allergies ou de l’asthme.

Tableau clinique

Le SDRC se présente plus souvent aux membres supérieurs qu’aux membres inférieurs et se manifeste dans quelques cas plus rares au visage. Cette affection peut survenir après un traumatisme (entorse, fracture, lésion par écrasement, amputation), après une opération, après une lésion nerveuse, à la suite d’un AVC ou une crise cardiaque ou à la suite d’une infection. On retrouve souvent une histoire d’immobilisation par plâtre avec des symptômes tels de l’œdème sous le plâtre, des engourdissements et des sensations anormales sous le plâtre (sensation d’être trop serré). Dans certains cas, le SDRC peut être d’apparition soudaine et inexplicable.

Le SDRC se caractérise par des douleurs très importantes et difficilement contrôlables sur un territoire beaucoup plus grand que ce à quoi on peut s’attendre. Le SDRC peut être soupçonné lorsque les traitements conventionnels ne fonctionnent pas et/ou empirent la situation, lorsque l’on remarque des « bizarreries » dans l’histoire ou dans les AVQ/AVD. Par exemple, des symptômes tels une sensation de main plus petite ou plus grande, une sensation que la main ne lui appartient pas, si la personne se blesse à la main saine, mais la douleur est ressentie à la main blessée. Le SDRC peut se présenter sous deux tableaux cliniques distincts. En premier, « le flamboyant », celui où on ne se pose pas beaucoup de questions, les symptômes sont clairs :

  • Main ou pied très enflé
  • Coloration bleue, rouge, blanche, marbrée
  • Membre très chaud ou très froid
  • Tout est très douloureux (regarder sa main fait mal, respirer fait mal, etc.)
  • Douleur va au-delà du site de la lésion

En deuxième, « le subtil », où les symptômes ne sont pas très clairs :

  • Membre peu ou pas enflé
  • Coloration normale ou peu atteinte
  • Les douleurs ne sont pas comme on s’y attend; elles s’étendent au-delà du site de la lésion et ne correspondent pas à un territoire.

D’autres signes et symptômes peuvent se présenter :

  • Douleur thoracique (94% des patients avec SDRC)
  • Anomalies sensitives (douleur spontanée, hyperalgésie mécanique, hyperalgésie thermique, hyperalgésie somatique profonde, allodynie, hyperpathie)
  • Anomalies vasculaires (vasodilatation, vasoconstriction, asymétrie de température cutanée (>2°C), changements de couleur de la peau)
  • Œdème, sudation anormale (hyperhydrose, hypohydrose)
  • Anomalies motrices et trophiques (faiblesse musculaire, déficit de coordination, dystonie, raideur musculaire, tremblements, changement des poils et/ou des ongles, atrophie cutanée, changements des tissus mous)
  • Anomalies du schéma corporel (reconnaissance droite/gauche, reconnaitre les doigts ou orteils touchés, doit utiliser les yeux pour localiser et utiliser avec précision le membre, accroche le membre par mégarde)
  • Anomalies de la sensibilité (sensibilité fine au toucher, sensibilité thermique, proprioception)

Diagnostic

On diagnostique le SDRC par les critères cliniques seulement (signes et symptômes). Les imageries sont peu sensibles et peu spécifiques pour identifier cette pathologie.

Traitement en réadaptation

Les chercheurs Moseley et Pleger ont conçu un traitement basé sur des exercices quotidiens visant à rétablir les perturbations amenées par le SDRC. Le traitement suit trois principes importants :

  • Rééduquer les fonctions altérées en suivant des étapes avec des exercices quotidiens;
  • Les étapes doivent être franchises lentement et surtout SANS DOULEUR afin d’éviter de déclencher des crises. Le programme d’exercice doit être planifié par une personne à la fois;
  • Lors de ses AVQ, à l’extérieur du programme, le patient doit éviter de provoquer des crises.

Le traitement est divisé en six phases :

  • Phase 1 : Reconnaitre droit/gauche, rééducation sensorielle (environ 2 semaines)
  • Phase 2 : Réapprendre à préparer, à imaginer des mouvements simultanés des 2 mains (ou pieds) au miroir, à améliorer le toucher fin et précis, à distinguer des petites différences de température (environ 2 semaines)
  • Phase 3 : Mouvements du côté sain avec miroir (environ une à 2 semaines)
  • Phase 4 : Réapprendre à faire des mouvements simultanés des deux mains (ou pieds) au miroir, réapprendre des gestes fins et précis (environ deux à quatre semaines)
  • Phase 5 : Réapprendre à refaire les gestes de tous les jours avec fluidité et précision
  • Phase 6 : Gérer la rechute

Traitements médicaux :

Les traitements médicaux peuvent être utiles pour encourager la réadaptation. Cependant, ils sont utiles surtout à court terme. Des médicaments pour la douleur tels le gabapentin et la prégabalin, l’acétaminophène, les anti-inflammatoires (naproxen, ibuprofène, etc.), les opioïdes (narcotiques, morphine, codéine, oxycodone, etc.) et l’amytriptiline peuvent être prescrits. De plus, dans certains cas, de la médication pour l’ostéoporose peut être prescrite. Rarement, un traitement à la cortisone est utilisé. Pour certains patients, des blocs sympathiques ou des blocs veineux sont prescrits. Dans des cas plus rares, les patients reçoivent des traitements invasifs pour contrôler la douleur tels des neurostimulateurs et des cathéters épiduraux.

Références :

  1. Duhaime, S., Nguyen, D.N. et Boucher J. (Automne 2022). Séance 8. [Document Powerpoint]. Dans SCL1428 : Douleur chronique, syndrome douloureux régional complexe et intervention stratégique. Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), département des sciences de la santé.
  2. Nguyen, D.N. et Boucher J. (2010). Les syndromes douloureux régionaux complexes (SDRC). Dans L. O’Donnell-Jasmin (dir.). Faire équipe face à la douleur chronique (p. 25-34). Les Productions Odon.
  3. External validation of IASP diagnostic criteria for Complex Regional Pain Syndrome and proposed research diagnostic criteria. Bruehl, Pain 81 (1999). 147-154.