Qu’est-ce que la vestibulodynie provoquée ?

 Qu’est-ce que la vestibulodynie provoquée et quels en sont les symptômes?

Il s’agit d’une douleur chronique (depuis au minimum 3 mois) qui se présente sous forme de sensation de brûlure ou coupure lors d’un simple contact du vestibule (pourtour de l’entrée vaginale) principalement entre 3h et 9h.  Elle peut être soit primaire, c’est-à-dire qu’elle était présente dès la première insertion de tampon/tentative de pénétration ou encore secondaire, c’est-à-dire qu’il peut y avoir eu pénétration sans douleur avant l’apparition de celle-ci.

Source : https://causam.fr/index.php/sexologie-et-couple-encyclopedie/

 

Quel est le mécanisme de la douleur chronique?

Selon l’International Association for the Study of Pain, la douleur est « une expérience désagréable sensorielle et émotionnelle associée à, ou qui ressemble à quelque chose d’associé à, une lésion tissulaire réelle ou potentielle. »  Elle peut donc survenir en l’absence de lésion tissulaire et sera modulée par n’importe quelle preuve crédible qu’une protection est nécessaire.

La neurophysiologie de la douleur est composée de 4 étapes;

  1. La transduction : Activation des récepteurs cutanés face à un stimulus nociceptif.
  2. La transmission de l’influx nerveux : Les messages se transmettent vers le cerveau.
  3. L’évaluation par le cerveau : Le cerveau évalue le stimulus; en fonction entres autres du contexte, des expériences précédentes et des pensées, il décidera s’il y a douleur ou pas.
  4. La modulation descendante : Le message de retour sera soit accentué pour percevoir une douleur ou réduite pour l’ignorer (ex : si vous vous cognez un orteil alors que vous courez chercher votre enfant dans la rue, il est probable que votre cerveau vous fasse ignorer le stimulus puisque vous avez quelque chose de plus important en tête dans le moment).

Le cerveau est donc le grand manitou de la perception de la douleur.  Selon nos expériences, nos croyances ou nos craintes, il sera plus sujet à augmenter ou diminuer l’état d’alerte face aux stimulus nociceptifs.  Une situation perçue comme dangereuse augmentera la douleur et celle perçue comme sûre la diminuera. Des études ont d’ailleurs démontré qu’une hypersensibilisation du cerveau était souvent présente chez les femmes présentant une douleur pelvienne chronique.  Cette compréhension de la douleur chronique aura un impact majeur dans la façon d’aborder et de traiter la vestibulodynie provoquée en physiothérapie.

Quels sont les causes de la vestibulodynie provoquée?

Les causes sont multiples et peuvent inclure entres autres:

  • Des comorbidités comme la fibromyalgie et le syndrome du côlon irritable ou une tendance à faire des réactions inflammatoires exagérées.
  • Être encline à faire des infections vaginales répétées.
  • Certaines vestibulodynie provoquée secondaires peuvent débuter à la suite de la prise d’anovulant oral.
  • Une augmentation des terminaisons nerveuses nociceptives et un seuil de douleur diminué au niveau du vestibule vulvaire.
  • Anxiété, stress et dépression.
  • Des muscles du plancher pelvien hypertoniques et autres structures hypomobiles.

Quels sont les traitements possibles?

Les deux traitements de choix prouvés par la littérature sont la physiothérapie et la thérapie cognitivo-comportementale.  L’approche combinée des deux semble être la plus efficace.

En physiothérapie, plusieurs aspects seront abordés dont :

  • L’hygiène vulvaire et les irritants vulvaires (voir l’article de blogue ; Trucs et conseils pour diminuer l’irritation à la vulve).
  • La désensibilisation manuelle de la région périnéale en restant sous le radar du cerveau.
  • Des exercices de détente et de relaxation générale.
  • Des exercices de respiration.
  • Des techniques et exercices afin de normaliser la fonction des muscles du plancher pelvien; restaurer le tonus, le contrôle, la force et l’endurance du périnée.
  • Au besoin, des dilatateurs/accommodateurs seront proposés pour désensibiliser et favoriser la pénétration.
  • Des conseils/recommandations pour une reprise des activités sexuelles avec pénétration.

 

De plus, l’utilisation de médication orale pour la douleur ou de crème topique prescrite par le médecin peut être ajouté, mais avec des évidences scientifiques moindre.  Dans les cas où ces approches n’ont pas été suffisantes pour régler la problématique, la vestibulectomie, qui est une approche chirurgicale, obtient de bons résultats.  Elle n’est cependant jamais une option de premier plan.

 

Deux exercices clés pour débuter votre réadaptation:

  • La respiration abdominale:

. Installez-vous dans une position confortable et placez vos mains sur votre abdomen.

. Fermez les yeux pour maximiser l’effet de relaxation.

. Inspirez par le nez; les mains sur l’abdomen devraient monter.  Remplissez votre thorax au maximum.

. Expirez par la bouche et faites sortir le maximum d’air que vous pouvez tout en serrant les       muscles abdominaux profonds.

. Répétez 10 à 20 respirations.

  • Désensibilisation manuelle: L’objectif de cette approche est d’atténuer le signal d’alarme que le cerveau envoie lors d’une pression sur le vestibule vulvaire.

.  Installez-vous confortablement dans un endroit intime comme votre lit.  Assurez-vous d’établir une ambiance propre à la détente; ajustez l’éclairage et la température afin de vous mettre à l’aise. Vous pouvez préalablement appliquer de la chaleur sur la région périnéale pour détendre les structures.

.  Prenez conscience de votre respiration ainsi que de votre corps sur le lit.

.  Amenez une main près de vos parties génitales, voyez si vous pouvez maintenir votre respiration calme en touchant la zone désagréable.  Si oui, prenez conscience de la sensation tout en expirant doucement.

.  En touchant l’entrée vaginale, prenez note des sensations physiques et laissez-les dans le côté de vos pensées, une respiration à la fois.  Le but n’est pas d’ignorer les sensations désagréables, mais plutôt d’apporter votre focus sur la respiration au premier plan.  Faire 5 à 10 minutes.

.  Ensuite portez votre focus sur la sensation provoquée, tout en gardant votre respiration en second plan.  Appelleriez-vous ces sensations de la douleur ou plutôt une sensation physique intense? Essayez de poursuivre ces sensations physiques intenses non douloureuses pendant 5 à 10 minutes.

 

En conclusion…

N’oubliez pas que la vestibulodynie provoquée est une problématique plutôt fréquente qui touchera 10 à 28% des femmes à un moment ou un autre au cours de leur vie.  Cette condition a un impact négatif sur la fonction et satisfaction sexuelle de la femme affectée et de son partenaire, en plus d’atteindre la santé psychologique, relationnelle et le bien-être de celle-ci.  La physiothérapie en rééducation périnéale et pelvienne demeure une approche de choix pour diminuer la douleur vulvovaginale, restaurer la fonction des tissus et muscles du plancher pelvien et ultimement améliorer la fonction sexuelle.  N’hésitez pas à contacter votre physiothérapeute experte en rééducation périnéale et pelvienne !

 

Références :

BÉLANGER, Clémence et CARRIER, Gabrielle (2020). Notes de cours : Problématiques des algies pelvi-périnéales. Université de Montréal.

HUDON, Anne (2020). Notes de cours : Pathophysiologie de la douleur et douleur chronique. Université de Montréal.

ROSEN N, DAWSON S, BROOKS M, KELLOGG-SPADT S. Treatment of Vulvodynia: Pharmacological and Non-Pharmacological approaches. Drugs (2019) 79:483-493.

MORIN M, DUMOULIN C, BERGERON S, MAYRAND M-H, KHALIFÉ S, WADDELL G, DUBOIS M-F. Multimodal physical therapy versus topical lidocaine for provoked vestibulodynia : a prospective, multicenter, randomized trial. American Journal of obstetrics & gynecology (2020).

CAUSAM.FR (page consultée le 10 décembre 2020). Site de Causam.fr, [En ligne], https://causam.fr/index.php/sexologie-et-couple-encyclopedie/1632-vestibule-vulvaire-anatomie-role-et-douleurs-vestibulite

ASSOCIATION QUÉBÉCOISE DE LA DOULEUR CHRONIQUE (page consulté le 10 décembre 2020). Site de l’AQDC, [En ligne], Vulvodynie ou névralgie pudendale – AQDC (douleurchronique.org)